Ce samedi 18 février 2023, l’AAAEMCS (Association des Amis et Anciens Élèves du lycée Marie Curie Sceaux) organisait une visite guidée des abris anti-aériens construits au sein de l’établissement scolaire, dans les sous-sols de Marie Curie. En conformité avec les exigences des lois de l’État Français et de la Défense Passive, ces abris étaient destinés à protéger les élèves des bombardements potentiels.
Cette visite menée par une ancienne élève (1), férue d’histoire, nous a transmis avec passion le fruit de ses recherches personnelles. Elle nous a aussi permis de prendre conscience que la ville de Sceaux est détentrice d’un passé très souvent méconnu par sa population, particulièrement en ce qui concerne cette période.
Chaque abri était attribué à une classe dont le nom était marqué au-dessus de la porte. L’abri lui-même était étanche, de façon à parer à l’utilisation éventuelle de gaz (2), grâce à une porte blindée actionnable à l’aide d’un volant, semblable à une porte de coffre-fort. Le cahier des charges de la Défense Passive imposait que des étais métalliques anti-écroulement soient installés, ainsi que des murs d’une épaisseur de 15 centimètres.
À l’intérieur, pas de banc : les anciens élèves sont formels, il fallait attendre debout et dans une semi-obscurité, car les fenêtres des abris étaient fermées par un rideau pour cacher la lumière de l’ampoule électrique. Seul un casier en bois servait à ranger ses vêtements durant l’alerte. Selon les témoignages, celles-ci duraient parfois quelques minutes, parfois plusieurs heures. Il y avait aussi dans chacun des abris un toilette chimique, dont il demeure un exemplaire en parfait état.
Au fil de la promenade, quelques inscriptions à la craie témoignent de cette période et sont la mémoire vive des événements qui se sont déroulés dans cet établissement. Subsistent également quelques inscriptions au pochoir, rappelant qu’il est interdit de fumer dans ces lieux.
Il faut savoir que cet établissement, d’abord réservé aux jeunes filles, fut inauguré en juin 1937 par le Ministre de l’Éducation Nationale de l’époque, Jean ZAY. Il fut occupé par l’armée allemande de 1940 à 1944, abritant les services de la Luftwaffe.
C’est vraisemblablement à l’occasion de leur départ qu’un élève a inscrit à la craie, sur un retour du mur « 1944 », heureux de retrouver son établissement après ce funeste intermède.
Cette visite, richement commentée, suscita de nombreuses questions de la part des anciens élèves et amis. Dans un moment d’échange tout aussi riche, les participants ont pu également partager des souvenirs, les leurs ou ceux de leur famille, soucieux qu’ils ne soient pas oubliés.
Notons que ce lieu est parfois ouvert, à l’occasion des Journées du Patrimoine.
Merci à l’AAAEMCS, très active dans ses nombreuses activités et détentrice de la mémoire des lieux depuis sa création. (3)
Olivier CAMUS
(2) Pour l’anecdote, en 1943 dans les conditions d’inscriptions, chaque élève devait être muni d’un masque à gaz avec son nom dessus.
(1) Note de l’éditeur : Il s’agit d’Hélène OFFRET. Au delà de ses activités professionnelles, sa curiosité vis à vis de l’histoire des sous-sols de Sceaux en général, et du lycée Marie Curie en particulier, l’a conduit à une connaissance intime de ses locaux étranges et mystérieux. Hélène en connait les moindres recoins et anecdotes. Visiter avec elle les caves du Lycée est une véritable expérience de plongée dans le temps.
(3) Note de l’éditeur : Cette visite n’a néanmoins pas permis de répondre à LA question
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